20 mai 2016

 

ShiJian-10 démontre que l'Homme peut se reproduire dans l'Espace

 
La Chine vient de démontrer, avec son satellite SJ-10, que les mammifères et a fortiori l'Homme, peuvent procréer en conditions spatiales, ce qui ouvre la voie aux vols de très longue durée.

ShiJian-10 (SJ-10), premier satellite chinois de recherche en microgravité, a été lancé le 6 avril dernier par l'Agence spatiale chinoise, puis récupéré avec succès 12 jours plus tard avant d'être confié à la Chinese Academy of Space Technology (CAST).

SJ-10 en orbite (vue d'artiste).

Ce projet était issu d’un partenariat entre 11 instituts de la Chinese Academy of Sciences (CAS), l’European Space Agency et la Japan Aerospace Exploration Agency. SJ-10 est le deuxième des quatre satellites prévus dans le cadre du Strategic Priority Program on Space Science (2011-2016). Le premier satellite de ce programme, dédié à la recherche sur la matière noire, avait été lancé en décembre 2015. Le programme spatial comprendra également le lancement d’un satellite dédié aux expériences dans le domaine de la recherche quantique et d’un satellite destiné à l’observation des trous noirs et des étoiles à neutrons à l’aide d’un télescope à rayons X haute énergie.

SJ-10 avait pour ambition de réaliser 19 expériences sur la microgravité et les sciences de la vie, portant notamment sur une étude sur le développement précoce des embryons de souris en microgravité permettant d’évaluer la possibilité de reproduction dans l’espace, et une étude de l’effet des rayonnement spatiaux sur la stabilité génétique de cellules de mouches et de rats.

Des souris… et des hommes !

Les scientifiques chinois ont annoncé que des embryons de souris s'étaient parfaitement développés à un stade précoce dans l'espace durant la mission, et ont été récupérés avec succès, ce qui constitue une première. Lancé le 6 avril, le satellite renfermait plus de 6000 de ces embryons confinés dans un environnement de la taille d'un four à micro-ondes garantissant les meilleures conditions de vie, selon Duan Enkui, chercheur à l'Académie chinoise des sciences (CAS). 600 de ces embryons avaient été placés directement dans le champ d'une caméra à haute résolution qui, toutes les quatre heures, en retransmettait les images au centre de contrôle.

Les images ont montré que les embryons se développaient de manière parfaitement identique que des témoins en conditions terrestres, depuis la première division cellulaire jusqu'au blastocyste, stade où la différentiation cellulaire intervient, soit 72 heures après la mise en orbite dans le cas présent.

Le terme blastocyste est issu du grec βλαστός (blastos), signifiant germe ou bourgeon, et de κύστις (vessie). Il définit un stade du développement embryonnaire précoce des mammifères, d'une durée de 5 à 7 jours chez l'Homme, 3 à 5 jours chez la souris, au cours duquel coexistent les cellules périphériques, appelées cellules du trophectoderme (ou trophoblaste), à l'origine des structures extra-embryonnaires comme le placenta ou le cordon ombilical, et les cellules de la masse interne, qui forment le bouton embryonnaire et donnent naissance à l'embryon proprement dit. Entre la masse cellulaire interne et le trophectoderme se forme une cavité remplie de liquide, le blastocèle, au sein de laquelle se développera le fœtus.

Le but de cette expérience était de déterminer si, dans la perspective de vols habités de longue durée, l'Homme ou d'autres mammifères seraient capables de se reproduire dans l'espace, y compris en absence de pesanteur. Le résultat positif obtenu grâce à ce satellite chinois confirme que l'étape la plus cruciale de notre reproduction, le développement précoce de l'embryon, qui est aussi la phase la plus critique, est parfaitement possible en conditions spatiales. Une constatation qui, même si la plupart d'entre nous n'en verront pas la concrétisation, ouvre la voie vers l'exploration et la colonisation de l'espace lointain, voire interstellaire.

La capsule renfermant les échantillons biologiques du satellite SJ-10 est revenue sur Terre le 18 avril 2016. Il s'agissait du 24e satellite récupéré avec succès par la Chine. Ce succès a permis en outre de valider une nouvelle série de technologies de base qui sera appliquée sur les satellites récupérables chinois de troisième génération.

Jean Etienne

Sources principales :

Strategic Priority Program on Space Science (National Space Science Center).
Re-entry Capsule of SJ-10 lands in N. China (Chinese Academy of Sciences).
Chinese Scientists Develop Mammal Embryos in Space for First Time (Chinese Academy of Sciences).

Voir aussi :

A-t-on déjà fait l'amour en orbite ? (Space News International).

 

 

 
Cette image montre les embryons de souris quatre heures avant qu'ils ne soient lancés dans l'espace à bord de SJ-10. Crédit : Chinese Academy of Sciences (CAS).
 

 

 
 
 

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