19 janvier 2017

 

La présence d'oxygène n'est pas un critère fiable pour la recherche d'une vie extraterrestre

 
La vie peut parfaitement apparaître, puis disparaître, enfin réapparaître sous une forme différente à la surface d'une planète, en présence ou non d'oxygène. Et c'est précisément ce qui s'est produit sur notre propre Terre, selon Michael Kipp et ses collègues.

Il y a 2,4 milliards d'années, au Paléoprotérozoïque, s'est produite ce que l'on appelle maintenant la "grande catastrophe de l'oxygène". En effet, lorsque la vie est apparue sur Terre, l'atmosphère était essentiellement composée d'ammoniac et de méthane, pour seulement 0,0001 % d'oxygène, ce dernier étant alors un gaz mortel pour ces microorganismes primitifs. Les eaux étaient alors chaudes et épaisses, ressemblant à une espèce de soupe bouillante et abritaient des bactéries extrêmophiles dont les traces perdurent encore dans des formations rocheuses disposées en couches.

Puis, il y a de 2,32 à 2,4 milliards d'années, le taux d'oxygène a augmenté de façon spectaculaire, passant de 0,0001 % à 21 % (avec des étapes intermédiaires encore plus élevées), sous l'action des premiers organismes photosynthétiques, les cyanobactéries.

Michael Kipp et ses collègues, de l'Institut d'astrobiologie de la NASA à Seattle (États-Unis), ont trouvé un moyen pour étudier cet événement en détail, considérant que le comportement des deux isotopes du sélénium - sélénium-82 et sélénium-78 - dépend de la concentration en oxygène dans l'océan ou dans tout autre environnement. Les données ainsi dégagées ont notamment permis aux scientifiques de suivre les fluctuations de la concentration d'oxygène dans l'océan primaire de la Terre pendant toute la période de la "catastrophe d'oxygène".

Ces nouvelles informations, comme l'explique M. Kipp, "sont particulièrement importantes pour comprendre si la première forme de vie, pour laquelle l'oxygène était un poison, a pu ou non survivre à la catastrophe et s'adapter progressivement à l'O2, en se réfugiant dans les parties les plus profondes de l'océan où la concentration en oxygène était particulièrement faible". En effet, les scientifiques démontré que même à la fin de la "catastrophe de l'oxygène", l'océan abritait des zones complètement libres d'oxygène, où la vie pouvait se cacher et s'adapter aux nouvelles conditions de l'époque.

Cette découverte entraîne des conséquences intéressantes dans le cadre de la recherche de la vie sur d'autres planètes, extrasolaires ou non. Car la présence d'oxygène est considérée comme un critère essentiel dans l'estimation des possibilités d'une présence de vie, notamment lors de l'analyse de l'atmosphère de planètes rocheuses situées hors de notre Système solaire. Un critère qui est désormais à revoir, mais qui complique aussi la détection en élargissant significativement le domaine de recherche.

Jean Etienne

Sources principales :

Selenium isotopes record extensive marine suboxia during the Great Oxidation Event (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America - Michael A. Kippa, Eva E. Stüekena, Andrey Bekker, and Roger Buick - doi: 10.1073/pnas.1615867114 - 24 septembre 2016).

The 2.1 Ga Old Francevillian Biota: Biogenicity, Taphonomy and Biodiversity (LOSO One - doi.org/10.1371/journal.pone.0099438, 25 join 2014).

Lire aussi, sur notre site :

La double apparition de la vie multicellulaire sur Terre.
 

 

 
Découverts à Francevillian, au Gabon, ces macrofossiles ont été produits par des organismes multicellulaires datant de plus de 2,3 milliards d'années. A gauche, la surface stratigraphique vue du dessus, à droite, une représentation en 3D montre une structure lobée en forme de feuille d'apparence ridée. Les barres d'échelle sont de 1 centimètre. Crédit : Plos One. Cliquer sur l'image pour agrandir.
 

 

 
 
 

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