16 janvier 2019

 

La Chine révèle son programme d'exploration lunaire

 
Lors d'une conférence de presse donnée le 14 janvier, le centre d'information du Conseil des Affaires d'Etat de la Chine (SCIO) a officiellement révélé le programme d'exploration lunaire, avec l'espoir de voir se réaliser un jour une base internationale sur notre satellite naturel.

A court terme, l'un des faits saillants sera le retour d'échantillons lunaires au moyen de la sonde Chang'e-5, qui sera lancée d'ici la fin de cette année. Le site d'atterrissage n'a pas encore été défini, mais il est probable qu'il se produise sur la face visible.

Selon Wu Yanhua, directeur adjoint de l'Agence spatiale chinoise (CNSA), trois autres missions sont déjà planifiées après Chang'e-5. Ainsi, Chang'e-6 sera conçue afin de ramener des échantillons de la région polaire sud. "Que la sonde atterrisse du côté visible ou invisible de la lune, nous prendrons la décision en fonction de la performance de Chang'e-5", a-t-il déclaré.

Ensuite, comme indiqué par l'agence de presse officielle Xinhua, la mission Chang'e-7 comportera un rover qui explorera la région du pôle sud lunaire, en ce y compris l'étude du terrain et des reliefs, de la composition physique ainsi que de l'environnement spatial de la région.

Enfin, la mission Chang'e-8, en plus de l'étude du sol et des expériences scientifiques, testera des technologies clé pour jeter les bases de la construction d'une base scientifique de recherche sur le sol lunaire. "Nous devons déterminer, par exemple, si nous pouvons construire des habitations au moyen des ressources lunaires en utilisant la technologie 3D", annonce Wu. "Nous espérons que Chang'e-8 nous aidera à tester certaines technologies et à explorer la possibilité de construire une base lunaire partagée par plusieurs pays", ajoute-t-il.

Les défis de Yutu-2

Sur le terrain, le rover Yutu-2 (Lapin de Jade 2) fait actuellement face à d'importants défis dans l'exploration et l'étude de l'environnement du cratère Von Karman dans le bassin South Pole-Aitken.
 

 
 
Le rover Yutu-2 sur le sol lunaire. Crédit : CNSA.
 
"D'après les images renvoyées via Chang'e 4, nous pouvons voir que la zone entourant la sonde est parsemée de cratères de tailles différentes, et il est très difficile pour le rover de se diriger dans la région", a expliqué Sun Zezhou, concepteur en chef de la sonde Chang'e 4, selon Xinhua.

"Nous allons essayer de trouver les zones relativement sûres et d'élaborer un plan raisonnable pour l'itinéraire du rover sur la base des images qu'il a prises", a déclaré Sun, qui ajoute "Nous n'avons trouvé aucun obstacle insurmontable dans la région."

Partie scientifique

La mission Chang'e 4 est équipée de 13 charges utiles, dont quatre scientifiques développées conjointement par des chercheurs des Pays-Bas, d'Allemagne, de Suède, d'Arabie saoudite et de Chine. Wu Weiren, concepteur général du programme d'exploration lunaire chinois, a déclaré que Chang'e 4 se chargerait de trois aspects essentiels dès que la mission passera de la phase de mise en service à la phase d'exploration scientifique.

La première consiste à explorer la topographie de la zone d'atterrissage et à établir un profil géologique de la face cachée. La seconde, a déclaré Wu, concerne principalement l'environnement spatial autour de la Lune, y compris l'impact du rayonnement cosmique, du rayonnement solaire et des éruptions solaires sur l'espace lunaire. Et le troisième est l'étude de la composition physique du paysage lunaire.

L'atterrisseur Chang'e-4 et le rover Yutu-2 sont maintenant entrés dans la nuit lunaire et se sont donc mis en mode de veille. Le rover sera réactivé lorsque cette partie de la face cachée sortira de l'ombre.

Une coopération américano-chinoise ?

Par ailleurs, China Daily annonce que l'ancien administrateur de la Nasa, Charles Bolden, a estimé que les interdictions du Congrès concernant la coopération spatiale avec la Chine, comme stipulé dans l'Amendement Wolf 2011, constituait une "contrainte juridique importante" qui devrait être assouplie ou inversée. Ancien astronaute, Bolden avait dirigé l'agence spatiale américaine de juillet 2009 à janvier 2017.

Charles Bolden. Crédit : CNSA.

"Si cette administration se rendait devant le Congrès et réclamait l'assouplissement des dispositions de l'Amendement Wolf, ou son élimination, il pourrait se voir supprimé en un clin d'œil, ce qui éliminerait la restriction, et nous serions en mesure de collaborer dans le domaine des vols habités", a déclaré Bolden, selon le China Daily.

"Je suis fermement convaincu que nous devrions intégrer la Chine dans le programme de la Station spatiale internationale. Il ne lui reste plus beaucoup de temps", ajoute Bolden, évoquant le départ à la retraite de l'ISS dans quelques années. Cela aiderait la Chine "à éviter certaines des erreurs commises lors de la construction de la Station spatiale internationale", annonce-t-il encore dans le quotidien China Daily.

Jean Etienne

Sources principales :

China unveils follow-up lunar exploration missions. XinHuaNet, 15 janvier 2019.
Former chief of NASA urges lifting China ban. China Daily, 14 janvier 2019.
Congress Bans Scientific Collaboration with China, Cites High Espionage Risks. Forbes, 7 mai 2011.

Voir aussi, sur notre site :

La Chine lance Chang'e-4 vers la face cachée de la Lune (9 décembre 2018).
Plein succès pour la Chine, qui se pose sur la face cachée de la Lune (3 janvier 2019).
Chang'e-4, Queqiao et Longjian, des images spectaculaires (7 janvier 2019).

 
 

 
Vue panoramique en direction du rover Yutu-2. Crédit : CNSA.
Cliquer sur l'image pour agrandir.
 
 
 

 
Vue panoramique complète. Cliquer sur l'image pour agrandir (7321 x 900 pixels - 1,68 Mo).
 

 

 
 
 

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