LE PLUS GRAND GÉNIE SCIENTIFIQUE DU SIÈCLE

   

 

 

 

Ces espérances, les moralistes peuvent bien les concevoir; mais elles ne se réaliseraient pas sans les découvertes des savants.

Dans le domaine de la science, à vrai dire, notre siècle n'a pas apporté un esprit différent de celui qui avait inspiré les savants des autres siècles. De tout temps, en effet, les savants ont eu une sorte de confiance méthodique et hardie dans le progrès indéfini de la science, ils ont toujours aspiré à dépasser sans cesse les bornes des connaissances acquises. Mais ce mouvement s'est accéléré par le mouvement même; les découvertes sont nées des découvertes, et, avec le poète, nous sommes tentés d'affirmer que jamais encore la pensée scientifique n'avait osé donner une aussi téméraire envergure à son vol.

Nous ne pouvons ici ne fût-ce qu'esquisser le récit des travaux des grands génies scientifiques de notre siècle.

Ceux des physiciens, un Ampère, un Biot, un Fresnel; des chimistes, depuis Chaptal jusqu'à J.-B. Dumas et à Berthelot; des astronomes, de Laplace à Leverrier; de tous ceux qui, depuis Cuvier et Geoffroy-Saint-Hilaire jusqu'à Broca et à Claude Bernard, ont renouvelé les sciences naturelles, fondé la paléontologie, la biologie, l'anthropologie, la physiologie; des médecins enfin et des chirurgiens illustres, depuis Brous­sais et Magendie jusqu'à Charcot, le premier dont l'autorité ait donné définitivement droit de cité dans les sciences aux phénomènes jusque-là suspects de l'hypnotisme.

Mais comment ne pas citer à part le nom de l'homme au grand et bienfaisant génie qui a rempli de sa renommée la seconde moitié de notre siècle, de ce Pasteur, qu'il ne faut pas moins admirer pour l'unité des vues philosophiques qui engendrèrent et dirigèrent tous ses travaux que pour l'importance de ses découvertes et la fécondité de ses théories ?

 

 

 

Les bienfaits de la Science. - Un séance de vaccination, d'après le tableau de Dagnan-Bouveret, peintre contemporain.

Quelle simplicité touchante dans cette scène et comme elle est bien caractéristique de tous les bienfaits que le peuple doit aux efforts, à l'esprit de hardiesse généreuse des grands savants de notre siècle !

 

 

Mais ce jour-là quelque chose reparut en nous, de cette admiration et de cette foi que les poètes prêtèrent aux hommes des époques mythologiques à l'égard des héros destructeurs de monstres. Il semblait que désormais nulle espérance ne dut plus paraître trop audacieuse : si la rage était vaincue, de quelle maladie la méthode nouvelle ne permettrait-elle pas de triompher ? Et, chose admirable ! cet enthousiasme, qui pouvait n'avoir qu'un jour, s'est trouvé durable ! Rien n'ébranlera plus désormais la confiance des hommes dans la fécondité des théories de Pasteur, et quand l'un des plus grands parmi les élèves du maître, quand le docteur Roux découvrit le vaccin de l'horrible diphtérie, le monde en accueillit la nouvelle avec de nouveaux trans­ports d'admiration et de reconnaissance; mais il n'en éprouva point de surprise. Il sait, en effet, il sait de science certaine, que le choléra, que la phtisie, se guériront demain, comme se guérissent aujourd'hui la rage et le croup. Le principe est trouvé, il suffit maintenant que ses fécondes conséquences se développent l'une après l'autre.

Ce n'est qu'une affaire de temps; mais le succès n'est pas douteux. Notre incrédulité serait pour ceux qui essayeraient aujourd'hui de nous faire renoncer à des espérances si justifiées .

Quel souvenir que celui de cette séance de la fin de 1885 à l'Académie des sciences où Pasteur, dans une note aussi émouvante que modeste, annonça à l'illustre compagnie qu'il avait découvert le vaccin de la rage ! Célèbre déjà par la guérison, si magnifiquement fructueuse, des maladies de la bière et des vers à soie, du charbon des animaux et du choléra des poules, il avait été encore grandi aux yeux de l'humanité par ses découvertes sur les maladies virulentes : n'avaient-elles pas donné naissance, en effet, aux procédés de l'antisepsie et, par là, fait accomplir, du jour au lendemain, à la médecine et à la chirurgie, le plus assuré, le plus prodigieux de leurs progrès ?

 

 

 
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